Interview de Souleymane Koné

9 nov. 2025

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Aujourd’hui, j'ai 35 ans, cela fait trois ans que j’exerce la profession de préparateur athlétique. Auparavant, je suis passé par les catégories jeunes maliennes, en tant que joueur. J’ai évolué au niveau CFA 2 et au niveau régional en tant que défenseur central, où j’avais une bonne finition pied gauche. Par la suite, je me suis orienté en tant que préparateur physique. Lorsque j’étais joueur, j'ai toujours privilégié le travail physique. Cela était donc la suite logique. Je regarde énormément ce qu’il se fait ailleurs en préparation physique, surtout à l’étranger, en Allemagne, en Espagne et en Italie, afin d’avoir un temps d’avance sur mes collègues. Et j’ai constaté que le football était très en retard.

Cette année avez-vous eu des propositions d’autres clubs ?

J’ai commencé à Sarcelle U16 / U18 régional puis je suis monté avec le groupe des U17 NAT avant d’arriver à Aubervilliers (N3). Cet été j’ai eu des contacts avec Vevey-Sports (D3 Suisse) mais cela ne sait pas fait, ainsi que Paris 13 (Nat), Créteil (N2). Mais aussi Bobigny (U19 national) à la sortie du contrat à Sarcelle en U17 Nat.

Pensez-vous que la gestion physique d'un groupe amateur diffère d'un groupe professionnel ?

Le travail de renforcement musculaire est très négligé en France, il y a davantage de travail physique intégré avec du ballon. Les préparateurs ont peur de mettre des charges en salle de musculation, puisque cela va créer des blessures selon eux. Alors que pour moi, c'est l’inverse, cela permet d’éviter les blessures.

Quelles sont les grandes différences ?

Il y a des clubs amateurs qui travaillent beaucoup en salle, à contrario beaucoup de clubs pros ne travaillent pas sur cette partie fitness. La différence se fait à quelque chose près, au rythme du jeu. La différence réside dans la liberté donnée aux préparateurs physiques. À Aubervilliers, j’ai dû faire mes preuves, mais cela se passe bien. J'aide les attaquants dans l’aspect finition avec ballon, mais aussi les gardiens lorsque les entraineurs des gardiens sont absents. On avait la réputation d’être une équipe très dure à bouger.

Quelles sont les qualités essentielles selon vous pour être un bon préparateur physique dans le milieu professionnel ou amateur ?

Il faut tout logiquement se former très régulièrement, et regarder tout ce qu’il se fait autour du métier. Il faut chercher à se rapprocher de spécialistes qui puissent aider les préparateurs physiques afin de développer un maximum de compétences et de travailler autour d’une équipe solide. Il faut constamment chercher à se renouveler pour garder un temps d’avance sur ses adversaires.

Quelles sont les blessures les plus fréquentes que vous rencontrez chez les joueurs et comment travaillez-vous sur la prévention ?

Dans des clubs professionnels, on n’aide pas les joueurs à perdre du poids. Et cela peut créer des gênes à ce niveau-là, notamment au niveau des articulations et des genoux. La blessure la plus fréquente est l’inflammation aux tendons, mais aussi à l’ischio-jambier. On va travailler sur l’aspect foncier avec des exercices statiques comme la chaise afin de combler un manque de prévention musculaire. On peut également trouver un problème au niveau des joueurs, sur les soins entrainant des rechutes.

Comment accompagnez-vous un joueur qui revient de blessure pour le réintégrer au groupe ?

Dans la normale, on va faire une IRM pour connaitre la gravité de la blessure, par la suite, le joueur va se rendre chez un kiné avec du travail de soins pour réparer les fibres musculaires. Personnellement, j’utilise des compléments alimentaires pour que le temps de cicatrisation diminue. Après, on fait une échographie pour voir si la lésion s’est estampée. Avant d'enchaîner sur un travail en salle de musculation avec de la charge pour renforcer un muscle. Puis, le joueur va pouvoir revenir sur le terrain avec des sprints, des changements de direction, de la VMA pour être sûr qu’il soit prêt à 100%.

Quels sont les impacts de l’alimentation et du sommeil sur les conditions physiques d’un footballeur ?

Le sucre, par exemple, peut engendrer des douleurs musculaires. Le sommeil, de son côté, va créer de la fatigue musculaire et peut augmenter le risque de blessure. La fatigue nerveuse avec un travail à côté qui demande de la concentration va fatiguer le joueur qui sera alors moins vigilant lors d’un saut et même d’un impact. Pour combler ce manque de sommeil, il faut s’étirer après chaque rencontre le week-end pour remettre les fibres en place.

C’est votre 2ème saison au club, comment se passe la préparation depuis la reprise ?

On travaille en harmonie avec l’entraineur Rachid Youcef et Christophe Taine. On est très axé sur la préparation physique à l’entrainement tous les soirs. On travaille sur des exercices de fréquence d’appui, des changements de direction, du travail d’agilité, des sprints et des accélérations afin de développer l’endurance des joueurs. Et ainsi être prêt avant les adversaires.

Qu’est-ce qui différencie la préparation physique dans le foot par rapport à d’autres sports ?

Dans le football, il n’y a pas cette mentalité du travail par rapport au rugby ou au football américain (NFL). On va également être moins vigilant sur la façon de courir, la pose du pied qui sont pourtant des facteurs clés de blessures. La différence réside aussi sur le fait que l’on pense qu’un footballeur n’a pas besoin de charge de travail en salle de musculation.

Quels conseils donnez-vous au joueur pour rester en forme lors de la trêve et pendant la saison ?

Les joueurs doivent s’entretenir sur la partie cardiovasculaire, il faut que les joueurs profitent des trêves pour renforcer leurs points faibles. Tout en développant la force des joueurs avec du travail en salle afin de corriger les lacunes et les éventuelles blessures. Je conseille aux joueurs de faire des cycles réguliers pour développer la vitesse, et aussi l’endurance pour avoir du coffre dans le but de progresser tout au long de la saison.

Quels sont vos objectifs lors de cette saison ? Et dans les saisons à venir ?

L’objectif du club est de remonter en N2. On a bien rajeuni l’effectif, on a de bons jeunes avec de la motivation et du sérieux. Le championnat gagne en visibilité, c'est un plus pour le staff et les joueurs. Sur le plan personnel, j’aimerais être dans 4/5 ans en Ligue 2 ou même en Ligue 1 avant de rejoindre si je le peux un championnat étranger, afin de voir une autre culture, un autre travail. Sur le court terme j’aimerais être national le plus rapidement possible. Maintenant, il faut réussir à faire ses preuves et gravir les échelons les uns après les autres. Depuis que j’ai débuté en tant que préparateur physique, on m’a toujours dit que j’avais le potentiel pour toucher le niveau professionnel. Désormais à moi de faire mes preuves.